Arte y valor. Art et courage. Termes employés pour définir un torero. Classification simpliste. Elargissant l’éventail, j’ajouterai les toreros techniciens et les bullidors / tremendistes.
Toutefois, il convient d’admettre que certains peuvent naviguer dans plusieurs groupes, au gré des courants et…. de leur comportement dans l’arène !!
Les toreros artistes peuvent se compter en deux sous-groupes. Toreros de détails et toreros de sentiments.
Les premiers sauront par une véronique, un pecho, une trinchera, une inspiration créatrice passagère émouvoir une partie des gradins. Le duende les habite ; le superficiel aussi !!!
Hier Curro Romero, aujourd’hui Javier Conde, Julio Aparicio.
Les seconds, plus profonds dans une expression globale de la lidia et de leur toreo (ils ne se complaisent pas dans un geste isolé comme les précédents) font ressortir, lors de l’affrontement avec l’animal, les sentiments multiples qui les habitent, traçant ainsi une œuvre complète, très personnelle, non pré-formatée et, pour celui qui sait ou veut la voir, matérialisant les tourments intérieurs de son créateur.
José Antonio Morante Camacho, dit Morante de la Puebla, illustre à merveille le toreo de sentimiento. Daniel Luque semble avoir les moyens d’être présent sur ce terrain ; il n’est qu’à apprécier son toreo de capote.
Toreros de valor. Comment définir le courage du torero ? Descendre dans le ruedo n’est-il pas, en soit, un acte courageux ? Ainsi donc, tous seraient-ils toreros de valor ? Non, car tous n’iront pas affronter des animaux de respect, toros d’encastes « délicats ». De même, tous n’iront pas positionner leur corps dans des sitios improbables, endroits où d’autres ne risquent pas même, une main !!!
Les premiers, guerriers parmi les guerriers, n’ont souvent d’autre choix que de s’arrimer, devant du bétail de respect, dans un toreo de verdad, sincère et dépouillé. En haut de cet escalafon : El Fundi, Sergio Aguilar, Rafaelillo. Aspirant prometteur : Alberto Aguilar.
Attention toutefois, à ne pas se méprendre et confondre ces lidiadores, toreros d’honneur, avec quelques pseudo-guerriers, souvent imitateurs, rarement à la hauteur. Les vrais guerriers ne reculent pas !!!
Toréer sur le voyage un Miura encasté ou un JPD acidulé, c’est toujours toréer sur le voyage !!
Les seconds osent se positionner dans des sitios où le risque n’a d’égal que le dominio exercé sur l’animal. Il peut éventuellement, leur être reproché un excès de toreo encimista (de proximité). Si celui-ci se développe sur le terrain du toro n’est-il pas l’essence même du combat, à savoir, dominer l’adversaire ? Pour remporter le combat, il faut dominer. Pour dominer, il est nécessaire d’aller chez l’opposant.
Paco Ojeda, José Tomas, Sébastien Castella, Miguel Angel Perera, Alejandro Talavante (plus irrégulièrement pour ce dernier) ont initiés de nouveaux sitios.
Les toreros techniciens ont en commun grande connaissance du toro et extrême aisance dans l’utilisation du leurre. Diffère l’expression de leur technique.
Chez les uns, tel Enrique Ponce, prime l’esthétique corporel des mouvements et les attitudes à la plasticité irréprochable, au détriment, parfois, d’un réel dominio exercé sur l’animal. Quand la faena, en manque de sincérité, s’apparente à un concours de cambrures exagérées, dignes du « Caballo Loco », est-ce encore du toreo ?
Chez d’autres, la technique se traduit dans le poder, la puissance du toreo. Les toreros poderosos imposent et s’imposent devant l’adversaire. La muleta maîtrisée devient maîtresse du ruedo. Maestros de poder d’hier, d’aujourd’hui ou de demain : Cesar Rincon, El Juli, Ruben Pinar.
Ultime groupe, celui des toreros bullidors et/ou tremendistes dont la qualité (?) première est de toréer le public avant de se préoccuper de l’animal. Mettre le feu aux « étagères » en provoquant la foule, se positionner au milieu des pitones pour faire frémir de peur (!!!..??..) la gent féminine et quelques représentants de la masculinité, nous entraîne loin du toreo de verdad, pour nous enfoncer dans les sombres abysses du destoreo, là où il sera possible de croiser ce cartel de « gala » : Juan José Padilla, Antonio Ferrera, Mehdi Savalli …
Inventaire non exhaustif, chacun(e) pourra le compléter, voire le rectifier, au vu de ses propres sensibilités.
Toreros de valor et de poder ont mes préférences, ainsi que toreros de sentiments, lorsqu’ils n’inversent pas les bœufs et la charrue (le toro et la muleta, si vous préférez !!!).
Choix discutables ? Assurément !!!! Basés sur une vision simple du toreo : dans un premier temps, combat et dominio, ensuite … si possibilité il y a, ….. arte !!!!
Miguel de Burdeos