La temporada 2009 est terminée. L’heure des bilans est arrivée. Aussi, nous décernerons, plusieurs prix dont les Tendidos d’or, d’argent et de bronze. Ces récompenses fictives sont le reflet des émotions les plus fortes (joie, déception, colère, surprise, tristesse …) vécues lors de la centaine de corridas et novilladas (piquées ou non), auxquelles il nous a été donné d’assister cette année, en el tendido.
· Prix du meilleur « Je suis un toro du sud-ouest et j’ai de la race »
Le Lartet – Plaisance
· Prix du meilleur « Je suis un toro du sud-est et j’ai de la race »
Hubert Yonnet – Istres
· Prix du meilleur « J’ai du pundonor et je le montre »
Miguel Cuartero – Saragosse – 1 ° novillada piquée, a lidié et mis à mort cinq novillos suite aux blessures de ses companeros de terna
· Prix du meilleur « J’ai inventé la suerte la plus ridicule et irrespectueuse du toro »
Diego Ventura – Arles (Pâques), qui dépose son sombrero sur le frontal de l’animal
· Prix du meilleur « Je suis passé à côté d’un grand toro »
Julien Lescarret – Dax – Sobrero du Conde de Mayalde
· Prix du meilleur « Je m’arrime con cojones »
Julien Lescarret – Béziers – 3° Toro de Miura
· Prix du meilleur « Je suis un artiste et je vous emmerde »
Julio Aparicio, pour ses « prestations » Nimoises et Montoises (J’ai raté Dax, quel dommage !!!!)
· Prix du meilleur « Je ne suis pas un artiste et je ne recule pas »
Rafael Rubio « Rafaelillo », à Arles (Pâques), Vic, Saragosse
· Prix du meilleur « Je défend les encastes oubliées »
Association des Aficionados de Parentis, pour la novillada-concours (J’en redemande !!)
· Prix du meilleur « Je sais jouer autre chose que Vino Griego ou Paquito Chocolatero »
Pena musicale Al Violin de Samadet, pour ses prestations à Mont de Marsan/St Perdon et à St Sever (Le pasodoble Al Cid de Salteras, j’en redemande aussi !!!)
· Prix du meilleur « Je vais leur montrer ce qu’est le toreo de verdad »
Ex-aequo : Juan del Alamo et Sergio Aguilar
· Prix du meilleur « J’ai découvert que j’avais de la race »
Les toros de Garcigrande – Nimes (Pentecôte)
· Prix du meilleur « J’ai vendu des moruchos au prix du toro de lidia »
Nicolas Valdefresno – Bayonne
· Prix du meilleur « Je ne savais pas quelle connerie faire avant les vacances »
Les écoliers-incendiaires de l’arène de St Perdon
· Prix du meilleur « Je fais pas ce que je dis »
La commission taurine de Dax qui « vend » sa féria sur la qualité de la présentation du bétail
· Prix du meilleur « Je sors le mouchoir bleu au 6° novillo, qui ne le méritait pas, parce que j’ai oublié de le sortir au 4°, qui lui le méritait »
Palco Vicois – Novillada de Flor de Jara
· TENDIDO DE BRONZE : PLAZA D'ARNEDO (On ferme !!)
Découverte par un après-midi, froid et pluvieux, de fin d’hiver, j’ai tout de suite, aimé la mythique placita d’Arnedo. Un coup de foudre !! Pour qu’elles raisons ? Je ne sais !!! Les sentiments sont parfois comme les toros, difficiles à comprendre, impossibles à maîtriser. Elle était belle, pleine de charme et différente.
2 octobre 2009 : dernière des novilladas du Zapato de Oro. Ce soir, fermeture définitive.
Quand l’harmonie municipale, dans une ultime vuelta, défilera au son du pasodoble « Zapato de Oro », l’aficion locale, d’un seul chœur, reprendra le refrain et, avec quelques autres, je verserai un larme de nostalgie, de celle qui coule quand on sait qu’on ne se reverra plus !!
Au final, on ira fouler le sable du ruedo et abandonner là, à jamais, des souvenirs qui, au jour de sa démolition programmée, se disperseront avec l’âme de la placita, emportés au loin, par les vents de la sierra…
· TENDIDO D’ARGENT : TOROS D’ASSUNCAO COIMBRA – CERET (Les toros de lidia existent)
Autant l’avouer, je n’aurais pas parié sur cette corrida. Les Cuadris du lendemain semblaient offrir plus de « garanties ». Tout faux !!! Du trapio et de la mobilité, de la caste et de la bravoure, l’ensemble offrant une embestide claire à qui détenait des papiers en cours de validité.
Des toros de lidia, de ceux qu’on croyait disparus sous les diktats de figuras décojonisées et d’une aficion à la culture taurine émasculée. Des toros loin du tauromachiquement correct, si souvent servi en offrande au peuple des grandes férias, demandeur d’une émotion artistiquement générée. Ce jour-là, notre émotion fut autre. Mélange de surprise et de joie incrédule, et surtout ….d’une irrésistible envie d’y goûter à nouveau !!
Dans le campo portugais, certains ont cru lire cette annonce : « Toros de lidia cherchent combattants généreux pour affrontement à la loyale ». Les toros d’Assuncao Coimbra ont besoin de toreros encastés. Nous aussi. Ojala un dia se encuentran.
· TENDIDO D’OR : LANERO (TORO DE GARCIGRANDE) ET JAVIER CONDE – NIMES (L’alchimie d’un indulto)
Un jour, un toro plein de race rencontre un torero inspiré, au toreo sincère.
Le premier offre sans compter, caste, bravoure, noblesse, alegria. Il transmet sa joie et son désir de combattre en brave, il est heureux. Heureux d’être en piste. Sans pour autant être imbécile. A-t-on jamais qualifié un toro d’heureux ? Manso, flojo, blando, décasté, morucho, soso, tonto et tant d’autres, oui !!! Heureux ? Un toro heureux ? J’entends au loin, le club des amargaos et rabat-joie réunis hurler de dépit : « Un toro heureux, n’importe quoi !!! » Ne vous déplaise, j’ai vu et j’affirme qu’un toro heureux, ca existe !!
Le second offre son duende, sa folie créatrice, son étonnant dominio. Plus souvent broncados qu’ovationnés, tel est le sort des toreros différents. Ceux à la personnalité unique, que l’on peut apprécier un jour et honnir le lendemain, mais qui rarement laisseront indifférent, à côté d’une majorité insipide qui toute une vie cherchera la sienne, de personnalité !!. Etre catalogué artiste-bailaor n’empêche pas de savoir lidier (le savoir est un acquis, le vouloir est un état) dans les règles et de toréer p’alante. Ca aussi, je l’ai vu.
Ceux qui étaient présents vous le confirmerons. Des absents regretterons, d’autres, dans un mépris masquant ignorance ou mauvaise foi, diront : « Garcigrande, Javier Conde, Nîmes, indulto, n’importe quoi !!!!! ».
Lanero est reparti vers son campo. Javier a pleuré. Et nous, nous étions heureux. Simplement.
Miguel de Burdeos
Nota : je ne suis ni membre du fan-club Javier Conde, ni de celui de Garcigrande (loin s’en faut !!), mais quand elles se présentent, évidentes et surprenantes, il est des vérités qui se doivent d’être rapportées. On me l’aurait décrit, je n’y aurait, peut-être, pas cru. J’y étais !!