lundi 25 juillet 2011

LA TETE SANS LES JAMBES

Ce n'eut été le gave de Pau, voisin des arènes orthéziennes du Pesqué, on se serait imaginé à St Sever, un jour de 11 novembre. Un crachin béarno-breton arrosait une aficion venue rechercher les émotions vécues l'an passé, en ces mêmes lieux, et dégradait de plus en plus le rond de sable.

Passons rapidement sur la novillada matinale, au moins aussi soporifique qu'un discours de François Fillon sur la mondialisation et ses conséquences sur l'économie nationale !! En plus clair, on s'est emmerdé !! La grande faute au bétail d'Aurélio Hernando, de présentation correcte mais de comportement peu expansif ; s'employant peu ou pas du tout au premier tiers, court de charge et dénué de transmission. Légèrement plus présent, le dernier du lot (3 départs vers le cheval-pour des piques allégées et sans poussée- et une corne droite exploitable). A noter le beau burraco, sorti en 3, qui finit ses jours en rematant fortement, dès son entrée en piste, le burladero placé face au toril. Un novillo suicidaire. Peut être avait-il écouté le discours du Premier Sinistre ?...

Carlos Escolar "Frascuelo" (silence-sifflets) n'a plus les jambes de ses vingt ans, ni de ses actuelles intentions. A bientôt 63 ans (le 21 septembre), les réflexes s'estompent et certaines de ses attitudes en piste ne sont pas sans rappeler son illustre parrain d'alternative .... Curro Romero. Ainsi, difficile d'apprécier réellement la valeur des toros 1 et 4, faute d'avoir été toréés. Leurs premiers tiers laissaient deviner les qualités typiques de la maison Dolores Aguirre, mansedumbre y (mas o menos) casta.

Raul Velasco (silence avec 1 avis-vuelta avec 1 avis) torée peu. Il mériterait plus d'opportunités. Le toro sorti en 2, plus violent que brave, un peu faible et dépourvu de caste lui offrit peu d'options. En revanche, le 5, violent à l'impact contre le cheval mais sans s'employer outre mesure, lui permit de lier, sur les deux bords, des séries de qualité.

Alberto Lamelas (silence-silence) est passé à côté d'un bon toro. Le sobrero sorti en 3, peu présent au premier tiers, bien que renversant la cavalerie à la première rencontre, fut de cette noblesse encastée et allègre qui permet les triomphes. Excepté sur une bonne série droitière, Lamelas eut des difficultés à prendre le dessus sur son adversaire et à trouver le sitio adéquat. Le manque d'officio se fit sentir. Devant son second, toro genuido con sentido et adepte des sorties en solitaire après avoir goûté le fer, il fut volontaire mais sans ce coté "guerrier" qu'on lui avait connu, il y a quelques temporadas, à Parentis ou à Vic. Et face à un toro sur la défensive mais qui voulait se battre, il fallait avoir l'envie de guerroyer pour vaincre.

Un lot de Dolores Aguirre qui offrit des possibilités à qui voulait (ou qui pouvait !!) s'arrimer. Supérieur le 3, intéressants les 5 et 6, pas vus les 1 et 4.
Trop de cornes astillées. Conséquences de multiples embarquement-débarquement ?
Après Vic et Orthez, rendez-vous à Dax, le 14 août, pour le troisième épisode de la série "Dolores dans le sud-ouest".

Miguel de Burdeos

mercredi 20 juillet 2011

LES LARMES DE MADELEINE


Les cartels Montois n'étaient pas très attractifs. Pour qui voulait positiver, on notait la première alternative d'un Landais sur ses terres, la présence d'un Alejandro Talavante, rare dans le sud-ouest et pour les fans, les doublons de Sébastien Castella et du Juli.
Côté bétail, difficile de positiver !! Entre les toros "artistes" de Garcigrande et de Nunez del Cuvillo, les très cornus et souvent décevants Samuel Flores, les "tricolores" de Robert Margé dont on ne peut réellement prévoir le comportement tellement les origines sont distinctes et les La Quinta qui ont été fortement "adoucis" pour plaire aux figuras.

Les trois premiers Garcigrande (Garcichico serait mieux approprié !!) tenaient plus du novillo que du toro. Thomas Dufau (salut-1 oreille avec un avis) eut ainsi une "transition" aisée !!
Après avoir renversé cheval et cavalier, le deuxième du lot fut intéressant par ses charges allègres qui permirent à Daniel Luque (1 oreille avec forte pétition de seconde-salut avec un avis) de délivrer une faena agréable à l'œil mais de peu d'engagement.
Le toreo poderoso d'El Juli (2 oreilles-silence avec un avis) rematé d'une épée "Juliesque" porta efficacement sur un public conquis d'avance. L'ensemble du lot fut mobile et servit avec tonteria, exceptés le 2, plus haut évoqué, et le 1, faible et soso. Premier tiers, pour la forme !!

Nunez del Cuvillo envoya un lot très desigual. Des courts, des longs, des ronds, un très anovillado (le 3). De la noblesse fade, qui sert sans transmettre. Mansote et querencioso le 6. Pour tous, un premier tiers anecdotique.
Le Cid (silence-salut) est venu, on l'a vu, il n'a ni vaincu, ni convaincu !!
Sébastien Castella (silence avec un avis-1 oreille) semble se préparer pour les Championnats du Monde des Enganchones, tellement sa muleta souffre d'être accrochée !! Vu ce qu'il a proposé lors de cette tarde, un podium est envisageable !!
Alejandro Talavante (2 oreilles-silence) fut sévèrement bousculé par son premier toro, le costume en lambeaux, il poursuivit son inspirée faena droitière (une seule série à gauche alors que cette corne ne présentait aucune difficulté) sous les ovations des gradins. Une estocade al recibir finit de rallier le public.

Les toros de Margé étaient cinquenos (sauf le 4, âgé de 4 ans), avaient des armures suspectes (3, 5 et 6) et furent de comportement divers. Etaient annoncés deux toros d'origine Nunez del Cuvillo, deux d'origine Santiago Domecq et deux croisés de Cebada Gago (croisés avec quoi ? la question est sans réponse). Au final, les 1 et 4 seront peu ou mal exploités par un Fundi (silence-silence) plus proche que jamais d'une despedida qu'on lui souhaite heureuse. Ainsi, il sera difficile d'exprimer un avis sur ces toros nobles qui semblaient permettre des faenas qui jamais ne débutèrent.
Les 2 et 5 s'éteignirent rapidement. Ils permirent toutefois à Sébastien Castella (1 oreille protestée-silence) de poursuivre son entraînement aux enganchones !!
Matias Tejela (2 oreilles-1 oreille) hérita de la meilleure doublette dont il tira profit. Le 3 s'employa avec modération au premier tiers (1° pique : pousse en partie collé au cheval ; 2° pique : picotazo) et fut d'une très grande noblesse encastée. Il faisait l'avion derrière la muleta en bouffant le sable du ruedo et resta gueule fermée jusqu'à l'estocade. Pour lui, une vuelta posthume. A mon goût, généreuse au vu d'un premier tiers insuffisant. A nouveau, une confusion entre un bon toro (ce qu'il était sans discussion) et un grand toro (celui qui est complet, avec de la race, et mérite le tour d'honneur). J'ai plus apprécié la noblesse piquante, agrémentée d'une pointe de sentido, du 6. Ses charges furent allègres, il resta lui-aussi gueule fermée jusqu'au bout du combat. Son premier tiers se limita à une seule pique où il s'employa peu.

La novillada du ganadero Enrique Ponce se résuma en trois mots : faiblesse, soseria et ennui.
Elle permit à Mathieu Guillon (salut avec légère pétition-2 oreilles) de remonter la mauvaise pente dans laquelle il semblait engagé et à David Galvan (silence avec deux avis-1 oreille) de laisser entrevoir des qualités esthétiques et quelques verdeurs.

Les deux fers de la maison Flores (Samuel et Agustina) offrirent du bétail dans le type de la casa. De la tête, quelques rondeurs et de la mansedumbre. Un ensemble qui ne s'en laissa pas compter, partagé entre genuido et querencioso. Les 3, 5 et 6 renversèrent les piqueros après des poussées franches. Mention au 6, un manso avec un fond de caste qui offrit un combat intéressant.
Le torero Enrique Ponce (salut-vuelta avec un avis) arracha avec mérite, quelques passes à chacun des ses opposants, genuido (le 1) ou manso, querencioso (le 4).
Juan Bautista (silence-silence) : très au large à son premier ; sans insister face au 5, querencio et diminué par un sabot défaillant.
Alberto Aguilar (silence avec un avis-vuelta avec un avis) : mal servi avec le 3, faible et handicapé lui-aussi, par un problème de sabot ; présent au combat devant le 6, mais en difficulté dans l'usage des aciers.

La Quinta fut une ganaderia qui offrit, en ces mêmes lieux, en 2008, du bétail brave et encasté. Ces temps semblent désormais révolus. La caste a disparu, la bravoure avec, reste cette noblesse fadasse qui attire les "vedettes". Le lot Montois était anovillado, décasté, faible, sans transmission. Seul le 6 et à un degré moindre le 3 offrirent quelques charges exploitables. Ainsi, Thomas Dufau (salut avec un avis-1 oreille), heureux au sorteo, avec deux opposants collaborateurs, put s'exprimer sans se centrer de trop et sans trop de toreo al natural !!
De Curro Diaz (silence-silence), on retiendra du toreo au large et deux bajonazos !!
El Juli (silence-silence), pharmacien, infirmier et docteur ès-toros "à deux balles" ne put rien pour "soigner" ses deux bichos dépourvus du moindre gramme de caste. C'est dire, pour paraphraser un membre de l'Escalier 6, légitimement coléreux et qui le fit savoir, que l'on était tombé bien bas !!!

Un maigre bilan. Le tout arrosé de quelques giboulées. Peut-être là-haut, en regardant le cercle de sable, Madeleine déversa ses larmes de tristesse et de désolation ...
Dans quelques mois, les décideurs Montois s'en souviendront-ils ?

Miguel de Burdeos

lundi 11 juillet 2011

CERET DE (POCOS) TOROS 2011

Céret 2011 : une feria de menos a mas, rématée par un excès de triomphalisme.

  • Irmaos Dias : une mansada de gala
- 1° novillo : 14 "rencontres" (refilon ou picotazo) avec le piquero. Banderilles noires. Alimana.
- 2° novillo : 7 "rencontres". Humilie avec un fond de caste et une charge courte.
- 3° novillo : 5 "rencontres". Genuido.
- 4° novillo : 12 "rencontres". Banderilles noires. Sentido.

Miguel Angel Moreno : salut avec deux avis - silence. Prudent !!
Emilio Huertas : 1 oreille - salut. Puesto y con ganas. Muy en novillero. A revoir (ainsi que sa cuadrilla, efficace tout au long des difficiles lidias).

Une tauromachie à l'ancienne, pas courante, parfois déroutante. C'était différent. Merci à l'ADAC de tenter des expériences. Elles peuvent ne pas réussir. L'important, c'est d'essayer.

  • Conde de la Maza : decastamiento
Un Fidel San Roman (sobrero sorti en 1), mal foutu, raccourci et escobillé et cinq toros du Conde de la Maza, avec de belles carrosseries, mais de petits moteurs, qui plus est, vite épuisés en carburant.
Pas de présence au premier tiers, très peu ou pas du tout au troisième.

Rafaelillo : bronca avec 3° avis à l'instant du douzième et ultime descabello - salut. A connu des jours meilleurs.
Serafin Marin : silence - salut. Défile au paseo coiffé de la barretina catalane. Quelques séries liées à son second.
Paco Urena : silence avec deux avis - silence. Envie de bien faire. Verdeur.

  • Moreno de Silva : novillada de expectacion, novillada de decepcion
Six novillos de belle présentation, de poids au-delà des limites réglementaires (de 520 à 550 kg, quand le règlement français autorise un maximum de 500 kg), faisant illusion au premier tiers en démontrant plus de violence que de réelle bravoure. Seul le 6 mérite le qualificatif de brave par ses poussées, à trois reprises, franches et énergiques (batacazo à la première rencontre). Tous se dégonflèrent très rapidement au troisième tiers avec un bémol pour le six qui montra, en début de faena, une charge allègre s'éteignant malheureusement au fil du combat. Un comportement d'ensemble qui fut, à mon goût, fort décevant. Et si l'excès de poids, plus haut évoqué, était responsable de ce manque de mobilité ? Les piques trop appuyées ou mal positionnées ne sont peut-être pas les seules responsables de l'absence de transmission lors de l'ultime tercio.

Daniel Martin "El Dani" : salut - vuelta avec un avis. Autoritaire et avec envie. Toreo sincère et poderoso. A revoir.
Sergio Blanco : silence - silence avec un avis. Sans recours face à son premier querencioso. Sans saveur devant son soso second.
Adrian de Torres : silence avec deux avis - silence. Arrache quelques naturelles de qualité à son premier. Sans emotion face au blando sixième.

  • Escolar Gil : un triomphe trompeur
Présentation de qualité pour ce lot composé majoritairement de cinquenos (quatre marqués du 6, un fêtant ses cinq ans en septembre), présents à des degrés divers au premier tiers (s'employant en braves à la première rencontre mais faisant très souvent illusion à la deuxième ou troisième) et humiliant, les uns avec piquant (2 et 3), les autres avec fadeur (4, 5, 6). Décasté le 1.
La vuelta du 2 (un bon toro, mais trop incomplet face au cheval où il s'employa à la première pique et fut discret aux deux suivantes) est très généreuse, surtout pour une plaza qui se veut intransigeante. Sa noblesse encastée fut mise en valeur, de belle manière, par un Javier Castano inspiré. Le 3 (un toro intéressant dont le comportement au premier tiers fut identique à celui de 2) n'eut pas cette chance ; ses qualités permettaient mieux que les approximations offertes par Alberto Aguilar.
Vuelta finale a hombros du mayoral. Pourquoi pas ?!! Le triomphalisme généreux continue sa progression !!!

Fernando Robleno : silence - 1 oreille. Sérieux et appliqué. Une magnifique série de naturelles à son second toro.
Javier Castano : 2 oreilles - silence. Deux faenas courtes et plaisantes. Ligazon y temple. Falta toreo al natural (1 série gauchère à chaque toro) pour mériter deux oreilles.
Alberto Aguilar : silence avec deux avis - silence avec un avis. Des difficultés pour trouver le sitio. Crie beaucoup, torée peu !!

lundi 4 juillet 2011

LE SOIR DES SARDINES

Au sortir de la désormais traditionnelle novillada sans picador-concours de Castelnau Rivière-Basse, il reste un goût d'amertume. Un peu comme quand on quitte un stade en ayant vu la meilleure équipe être défaite injustement.
A CRB, il y eu d'un côté trois erales du sud-ouest, forts, puissants, bien faits, aux gabarits de novillos et de l'autre, trois sardines Méditerranéennes, légères, sveltes, commodes.
Et au final, qu'advint-il ?

Le novillo de Jean-Louis Darré (fer de l'Astarac) fut de cette noblesse encastée qui permet de belles faenas mais demande aussi les papiers d'identité du bipède qui lui fait face. Idem pour les représentants de la famille Bonnet (fer du Lartet) et des frères Bats (fer d'Alma Serena) qui, en plus des qualités précédemment évoquées, étaient de belle présentation, de magnifique trapio et surtout, demandaient à être toréés avec le poder que n'eurent jamais leurs opposants.

Les représentants du sud-est : les frères Gallon et Patrick Laugier (avec ses deux fers de Piedras Rojas et Dos Hermanas) avaient envoyé du bétail quelconque quant à la présentation et dont la seule qualité fut de suivre niaisement l'étoffe rouge qu'on leur présentait. La tonteria des sardines !!
Le vainqueur, désigné par un jury de "spécialistes" (?), fut le Dos Hermanas. Quelques légères protestations légitimes émergèrent du public. Le Darré ou le Bonnet méritaient meilleur sort; l'Alma Serena n'a pu exprimer ses réelles qualités, faute d'avoir été toréé.
Un mauvais coup pour des éleveurs qui ont joué le jeu du concours en envoyant parmi leurs plus beaux produits quand certains de leurs collègues firent lidier du deuxième choix.

La terna du jour se révéla en difficulté face à la caste et s'accorda plus ou moins bien avec la tonteria !!
Dorian Dejean : Applaudissements - Salut. Fait des passes. Rarement exposé. Souvent engaché.
Alvaro Sanlucar : Salut avec 2 avis - Silence avec 2 avis. Vert pour du bétail encasté. En difficulté aux aciers : un total de 8 pinchazos, 16 descabellos, 1 entière, 1 media.
Brandon Campos : 1 oreille - 2 oreilles. Débordé par le Lartet encasté. A l'aise face au Dos Hermanas collaborateur. Sincère et efficace à l'estocade.

Miguel de Burdeos