mercredi 20 juillet 2011

LES LARMES DE MADELEINE


Les cartels Montois n'étaient pas très attractifs. Pour qui voulait positiver, on notait la première alternative d'un Landais sur ses terres, la présence d'un Alejandro Talavante, rare dans le sud-ouest et pour les fans, les doublons de Sébastien Castella et du Juli.
Côté bétail, difficile de positiver !! Entre les toros "artistes" de Garcigrande et de Nunez del Cuvillo, les très cornus et souvent décevants Samuel Flores, les "tricolores" de Robert Margé dont on ne peut réellement prévoir le comportement tellement les origines sont distinctes et les La Quinta qui ont été fortement "adoucis" pour plaire aux figuras.

Les trois premiers Garcigrande (Garcichico serait mieux approprié !!) tenaient plus du novillo que du toro. Thomas Dufau (salut-1 oreille avec un avis) eut ainsi une "transition" aisée !!
Après avoir renversé cheval et cavalier, le deuxième du lot fut intéressant par ses charges allègres qui permirent à Daniel Luque (1 oreille avec forte pétition de seconde-salut avec un avis) de délivrer une faena agréable à l'œil mais de peu d'engagement.
Le toreo poderoso d'El Juli (2 oreilles-silence avec un avis) rematé d'une épée "Juliesque" porta efficacement sur un public conquis d'avance. L'ensemble du lot fut mobile et servit avec tonteria, exceptés le 2, plus haut évoqué, et le 1, faible et soso. Premier tiers, pour la forme !!

Nunez del Cuvillo envoya un lot très desigual. Des courts, des longs, des ronds, un très anovillado (le 3). De la noblesse fade, qui sert sans transmettre. Mansote et querencioso le 6. Pour tous, un premier tiers anecdotique.
Le Cid (silence-salut) est venu, on l'a vu, il n'a ni vaincu, ni convaincu !!
Sébastien Castella (silence avec un avis-1 oreille) semble se préparer pour les Championnats du Monde des Enganchones, tellement sa muleta souffre d'être accrochée !! Vu ce qu'il a proposé lors de cette tarde, un podium est envisageable !!
Alejandro Talavante (2 oreilles-silence) fut sévèrement bousculé par son premier toro, le costume en lambeaux, il poursuivit son inspirée faena droitière (une seule série à gauche alors que cette corne ne présentait aucune difficulté) sous les ovations des gradins. Une estocade al recibir finit de rallier le public.

Les toros de Margé étaient cinquenos (sauf le 4, âgé de 4 ans), avaient des armures suspectes (3, 5 et 6) et furent de comportement divers. Etaient annoncés deux toros d'origine Nunez del Cuvillo, deux d'origine Santiago Domecq et deux croisés de Cebada Gago (croisés avec quoi ? la question est sans réponse). Au final, les 1 et 4 seront peu ou mal exploités par un Fundi (silence-silence) plus proche que jamais d'une despedida qu'on lui souhaite heureuse. Ainsi, il sera difficile d'exprimer un avis sur ces toros nobles qui semblaient permettre des faenas qui jamais ne débutèrent.
Les 2 et 5 s'éteignirent rapidement. Ils permirent toutefois à Sébastien Castella (1 oreille protestée-silence) de poursuivre son entraînement aux enganchones !!
Matias Tejela (2 oreilles-1 oreille) hérita de la meilleure doublette dont il tira profit. Le 3 s'employa avec modération au premier tiers (1° pique : pousse en partie collé au cheval ; 2° pique : picotazo) et fut d'une très grande noblesse encastée. Il faisait l'avion derrière la muleta en bouffant le sable du ruedo et resta gueule fermée jusqu'à l'estocade. Pour lui, une vuelta posthume. A mon goût, généreuse au vu d'un premier tiers insuffisant. A nouveau, une confusion entre un bon toro (ce qu'il était sans discussion) et un grand toro (celui qui est complet, avec de la race, et mérite le tour d'honneur). J'ai plus apprécié la noblesse piquante, agrémentée d'une pointe de sentido, du 6. Ses charges furent allègres, il resta lui-aussi gueule fermée jusqu'au bout du combat. Son premier tiers se limita à une seule pique où il s'employa peu.

La novillada du ganadero Enrique Ponce se résuma en trois mots : faiblesse, soseria et ennui.
Elle permit à Mathieu Guillon (salut avec légère pétition-2 oreilles) de remonter la mauvaise pente dans laquelle il semblait engagé et à David Galvan (silence avec deux avis-1 oreille) de laisser entrevoir des qualités esthétiques et quelques verdeurs.

Les deux fers de la maison Flores (Samuel et Agustina) offrirent du bétail dans le type de la casa. De la tête, quelques rondeurs et de la mansedumbre. Un ensemble qui ne s'en laissa pas compter, partagé entre genuido et querencioso. Les 3, 5 et 6 renversèrent les piqueros après des poussées franches. Mention au 6, un manso avec un fond de caste qui offrit un combat intéressant.
Le torero Enrique Ponce (salut-vuelta avec un avis) arracha avec mérite, quelques passes à chacun des ses opposants, genuido (le 1) ou manso, querencioso (le 4).
Juan Bautista (silence-silence) : très au large à son premier ; sans insister face au 5, querencio et diminué par un sabot défaillant.
Alberto Aguilar (silence avec un avis-vuelta avec un avis) : mal servi avec le 3, faible et handicapé lui-aussi, par un problème de sabot ; présent au combat devant le 6, mais en difficulté dans l'usage des aciers.

La Quinta fut une ganaderia qui offrit, en ces mêmes lieux, en 2008, du bétail brave et encasté. Ces temps semblent désormais révolus. La caste a disparu, la bravoure avec, reste cette noblesse fadasse qui attire les "vedettes". Le lot Montois était anovillado, décasté, faible, sans transmission. Seul le 6 et à un degré moindre le 3 offrirent quelques charges exploitables. Ainsi, Thomas Dufau (salut avec un avis-1 oreille), heureux au sorteo, avec deux opposants collaborateurs, put s'exprimer sans se centrer de trop et sans trop de toreo al natural !!
De Curro Diaz (silence-silence), on retiendra du toreo au large et deux bajonazos !!
El Juli (silence-silence), pharmacien, infirmier et docteur ès-toros "à deux balles" ne put rien pour "soigner" ses deux bichos dépourvus du moindre gramme de caste. C'est dire, pour paraphraser un membre de l'Escalier 6, légitimement coléreux et qui le fit savoir, que l'on était tombé bien bas !!!

Un maigre bilan. Le tout arrosé de quelques giboulées. Peut-être là-haut, en regardant le cercle de sable, Madeleine déversa ses larmes de tristesse et de désolation ...
Dans quelques mois, les décideurs Montois s'en souviendront-ils ?

Miguel de Burdeos

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