vendredi 26 mars 2010

DE TAURUS PRIMIGENIUS AU TORO DE GUERNICA

En arpentant les allées du parc du Retiro, j’ai reculé l’horloge du temps. Il y a une vingtaine d’années, une autre passion m’entraînait régulièrement vers les Iles Britanniques.

En ces temps, le Hyde Park du centre de Londres était pour moi, comme aujourd’hui le Retiro madrilène, un lieu de promenade, de détente, de réflexion. La troublante ressemblance entre les deux parcs m’interpelle. Diffère toutefois, la couleur des écureuils !! Cardeno claro à Londres, castano à Madrid …

Pendant que joggeurs, cyclistes, rameurs transpirent de leurs efforts dominicaux, j’appuis sur la touche « ON » de ce qui me sert de cerveau et ose établir un lien entre ce que je viens de voir au Musée Archéologique National et ce que je m’apprête à revoir au Centre d’Art Reina Sofia.

Le Retiro se situe géographiquement entre les deux musées. Amusante coïncidence !!…

D’un côté, les restes fossilisés des armures d’un Bos Taurus Primigenius, ancêtre préhistorique du toro de lidia actuel et les têtes de bronze de cornus ayant vécu à la protohistoire, dans un age que plus tard, on nommera de fer.

De l’autre, la Reine Sofia propose une œuvre dans laquelle le toro occupe une place révélatrice. En son « Guernica », symbole de guerre et de paix, de vie et de mort, Pablo Picasso a voulu un toro. Dans ce chef d’œuvre, comme le cheval effrayé ou la femme en pleurs devant son enfant mort, l’animal toro ne se voudrait-il pas, lui aussi, mémoire éternelle d’une identité agressée ?

L’histoire d’un peuple, sa culture, ses traditions, son art lui appartiennent-ils exclusivement ?

Si la réponse est oui, la tauromachie telle qu’on la connaît, créée, codifiée et développée par l’Espagne, n’a que peu de légitimité sur les terres françaises ou sud-américaines. Or, elle y est présente et tend, pour le moins, à s’y maintenir. Ne serait-ce pas là, l’embryon d’une universalité salvatrice ?

En effet, ce qui reste, pour un temps, confiné sur un territoire restreint, peut, à terme, acquérir une reconnaissance planétaire.

Si un jour des étudiants anglais n’avaient apporté dans le sud-ouest, un jeu au ballon ovale, le rugby aurait-il, aujourd’hui, une Coupe du Monde avant de redevenir demain, dans sa version à sept, sport Olympique ? Ce qui, à ma connaissance, n’est nullement contesté !!

Partager avec d’autres peuples la passion taurine renforcera les fondations de celle-ci.
Culture et art ne seraient-ils pas alors, les idoines vecteurs ?
De Taurus Primigenius au Toro de Guernica, des têtes de bronze aux sculptures des taureaux de pierre, de la Tauromaquia de Goya aux peintures de Botero et tant d’autres encore …

Miguel de Burdeos

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