mercredi 5 octobre 2011

JOUR D'INDULTO


Ce matin, avant le début de l'encierro quotidien, je suis monté sur les hauteurs de la ville. L'église San Damian y San Cosme y abrite les saints patrons que chaque année, quelques voisins navarrais tentent amicalement d'enlever, eux qui s'en proclament légitimes propriétaires. Histoires de religion.
Plus haut, sur son promontoire, dominant la vallée du rio Cidacos, s'effrite le vieux château en ruine, édifié là, sur une ancienne frontière entre la Chrétienté et le monde Musulman. Histoires de religion.
Ces anciens édifices ont une force tranquille qui inspire le respect.

La veille, dans les corrales, les six novillos de Baltasar Iban inspiraient également le respect. Tel un pack de rugbymen, confiants avant la mêlée, ils s'étaient regroupés. Unis, calmes, sereins, sûrs de leur force, prêts pour un combat qu'ils ne connaissaient pas. Dans leur regard, on lisait : " Si tu me laisses tranquille, tout ira bien. Si tu m'emmerdes, tant pis pour toi." Fallait pas les emmerder !!

Sorti en sixième position, marqué du n° 36, né en octobre 2007, de pelage noir, Santanero II avait du trapio, de belles formes, des armures imposantes. Applaudi à son entrée en piste, il fut brave devant le fer. Monopiqué*, dans un puyazo fortement appuyé et de longue durée, qui en valait bien trois de ceux que l'on voit habituellement, il poussa avec franchise la cavalerie, sur près d'un quart d'arène.
Ses charges nobles, longues, allègres, répétées, franches, encastées ont fait chavirer la Arnedo Arena. Un premier mouchoir blanc, puis un second et enfin des dizaines. Fernando Adrian pose son épée et enchaîne les muletazos. D'autres mouchoirs blancs. De plus en plus. Et un mouchoir orange qui tombe du palco présidentiel. Putain, c'est beau et émouvant un mouchoir orange quand il est mérité.

Des larmes coulent sur quelques joues, des sourires jusqu'aux oreilles sur tous les visages. Merci Cristina Moratiel, ganadera. Merci au Club Taurino Arnedano. Merci Fernando Adrian, novillero. Merci à Santanero II, novillo de race.
Sur le chemin du retour, la nuit était remplie d'étoiles. Certaines étaient filantes. De celles qui autorisent les vœux ...
C'était jour d'indulto à Arnedo - La Rioja.

Miguel de Burdeos

* Arnedo est une arène de deuxième catégorie où le règlement autorise une seule pique. Une seconde (ne serait-ce qu'un picotazo cité à distance) aurait été appréciée. Toutefois, le novillo, fixé au cheval, s'est grandement employé lors de l'unique rencontre. Sa bravoure était une évidence.

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