mardi 22 décembre 2009

DE LA CASTE A LA NOBLESSE

A la recherche du toro parfait, il nous semble important de définir les éléments indispensables à son élaboration. Trois qualités sont nécessairement indissociables pour « faire » un Grand toro : caste, bravoure et noblesse.
Imaginons un toro en forme de triangle pyramidal, la caste en serait sa base, ses fondations ; la bravoure sa partie intermédiaire, transitoire vers la noblesse, partie ultime et sommitale qui attirera la majorité des regards (on a toujours tendance à diriger notre œil vers le sommet d’un édifice et son apparente beauté ; injustement, car on oublie que dépourvu de bases solides, moins à la vue, le sommet se casse souvent la gueule !!!).

La « fiereza » (agressivité) matérialise la caste. Le toro encasté, animal offensif, porte fièrement son nom de toro de lidia. C’est un combattant. Il attaque généreusement ses opposants. Cette caste, agressivité offensive, va générer la bravoure.

La bravoure est l’indicateur relatif à la nature de la charge du toro. Le toro brave a une charge franche et énergique. Qu’est ce à dire ?
Une charge énergique caractérise un toro qui part de loin, au galop, pousse sous le fer (de la pique), en « mettant » les reins.
La charge franche est celle de l’animal qui répond au « cite » avec promptitude (en opposition au toro « tardo »), qui se fixe perpendiculairement au cheval (et non collé en parallèle), qui ne « cabèce » pas (il ne fait pas sonner les étriers). Et une fois accomplie son œuvre de toro brave, il n’abandonnera la rencontre avec le cavalier qu’après y avoir été sollicité par le « capote ». Jamais le toro brave ne quitte le tercio de pique de sa propre initiative !!!
La « ration » de fer importe moins que le comportement global avant, pendant et au sortir de la rencontre. La pique n’est que l’instrument révélateur du niveau de bravoure. Le nombre de « puyazos » a peu à voir avec l’évaluation légitime de la bravoure. Par exemple, deux piques réglementairement données permettront d’apprécier un animal alors que quatre ou cinq, insignifiantes car inopportunes, pourront être d’une inutilité désespérante !!!!
La « fuerza » (force, puissance) est une nécessité pour révéler le toro brave. En effet, c’est elle qui permettra sa mobilité à l’animal, l’autorisant alors à libérer toute sa bravoure dans des charges franches et énergiques. Celles-ci engendreront, le cas échéant, de la noblesse.

La noblesse est l’élément mettant en évidence la qualité de la charge du toro. La « fijeza » (fixité) traduit l’attitude de l’animal qui ne « quitte » pas le leurre. Il suit la course de la muleta, en « humiliant » (tête basse), sans « derroter » (donner de coups de tête). La charge est longue et répétée.
Cependant, la noblesse ne doit pas se développer au détriment des deux autres qualités. La noblesse exclusive du toro « soso » (fade) ou « tonto »(niais), amputé de caste et bravoure, n’est que poudre aux yeux, jetée à une aficion victime de l’air du temps présent et en demande de brillant, de paillettes ou de tape à l’œil (souvenez-vous, l’œil qui regarde vers le sommet de la pyramide !!! ….).

Caste, bravoure et noblesse (fiereza, fuerza, fijeza), réunies en proportion équitable, donneront vie à un animal ayant de la race. Un de ceux qui pourra prétendre à une vuelta méritée ou à un éventuel indulto. Toutefois, faudra-t-il pour cela croiser un torero qui sache et qui veuille, avant tout, mettre en valeur les qualités de l’animal plutôt que nous vendre sa marchandise, son toreo formaté et multi-récité. Mais ceci est une autre histoire ….


Miguel de Burdeos

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