lundi 29 novembre 2010

RIDEAU

Les toros et novillos y sont d'armures raccourcies, comme l'animal illustrant l'affiche du spectacle. Personne n'ira se plaindre de tromperie !!
Les trophées y sont généreux et auto-décernés par les toreros. Les résultats n'exciteront que quelques statisticiens aigris !!
Les odeurs de grillades y réchauffent la froidure d'un matin de novembre.
La placita de bois me rappellera à jamais des lieux aujourd'hui disparus. St Perdon, dans les flammes d'un mauvais jeu d'écoliers ; Arnedo, sous les bulldozers d'affairistes gloutons.
Les derniers toros de la temporada s'y rendent pour une fiesta campera qui retient un peu le rideau.
Rion des Landes entretient la tauromachie de village. Et rien que pour cela, s'y rendre est comme un devoir.

Deux toros de Jalabert Frères (1 et 3), deux novillos (4 et 5) du même fer et un toro (2) d'Antonio Lopez Gibaja qui offrirent du jeu avec une noblesse piquante, sauf le garbanzo negro du lot, sorti en troisième, plus réservé et genuido.
Le premier, bien lidié par un Stéphane Fernandez Meca, sobre, dominateur et qui pourrait en montrer à plus d'un (!!!), partira par deux fois au galop vers le cheval et poussera franchement mais avec modération. Les autres seront plus discrets au premier tiers.
Juan Bautista offrira une faena construite sur les deux bords avec inspiration. Julien Lescarret, peu puesto dans le muletazo initial, héritera du toro offrant le moins de possibilités.
Les deux novilleros locaux, Mario Guirao et Mathieu Guillon, montreront leur envie, associée à un manque préjudiciable de dominio. Au crédit de Mathieu Guillon, un bon tercio de banderilles et du temple dans la main droite.

Jouées par l'harmonie municipale, les notes de "L'encantada" accompagnent le rideau qui tombe sur l'année taurine. Dans ma tête, résonnent les mots de Nadau :
"Jo tostemps qu'avi sabut
E diser non e diser adiu
Jo jamei n'avi volut
Jamei pregar omi ni Diu"
A chacun ses Dieux !! A chacun sa liberté !! A chacun son hiver !!

Miguel de Burdeos

lundi 22 novembre 2010

LE SAUT, LES SOTS ET LES SOSOS

Les "espécialistes", comme disait ma grand-mère, soulignent unanimement la grande temporada 2010 de Julian Lopez "El Juli" et lui décernent multiples récompenses. Par ici, les clubs taurins Paul le Jaune du sud-ouest. Par là-bas, les clubs taurins Paul le Jaune du sud-est. Heureusement, les clubs taurins Muscadet de l'ouest et Jus de Houblon du ch'nord ne votent pas !!
Qu'ont-ils récompensé ?
Un toreo poderoso qui s' "esthétise", rematé par des estocades spectaculairement efficaces, le tout face à du bétail à la désespérante fadeur "enniaisée".

Retour sur la dernière corrida Goyesque du Riz Arlésien. La "triomphalité" du Juli s'y résuma à merveille. Qu'a-t-on vu ? Du toreo de capote suave et plaisant, un monton de derechazos liés, templés pour certains et parfois avec dominio, des rares séries de naturelles toujours profilées (cinq au total, face à trois toros !! deux séries au 1° et 2°, une seule et unique au 3° ; l'ouvrage fut récompensé de cinq oreilles, une par série gauchère !!).
Où est le toreo sincère, le toreo al natural, le vrai toreo dominateur ?
Pour clôturer ces "chefs d'oeuvre", des estocades "Juliesques" d'effet rapide, caractérisées par un saut latéral précédant le coup d'épée, démontrant de la sorte autant de sincérité que Zébulon 1er, Prince de la nouvelle Gaulle, déclarant comprendre les marcheurs des rues, grévistes défendant leurs acquis sociaux.
L'estocade libérale est née !!
Celle où importe plus le résultat que la manière employée pour l'obtenir. Où importe plus le toro qui tombe vite que le "corto y derecho". Comme importe plus les comptes en banque bien remplis que les dégâts collatéraux qu'ils génèrent. Tant pis pour ceux qui crèvent. De faim, de dégoût, de désespoir.
Et le bon peuple du toro, dans sa grande majorité, valide le seul résultat, démontrant son infinie ignorance.
Les sots de l'aficion ne font plus la différence entre le bling-bling superficiel et la sincérité profonde. Les mêmes s'en iront applaudir l'arrastre et solliciter des vueltas pour des animaux à la noblesse "fadasse", dégueulant d'insipide soseria.
Les toros sosos ont l'avenir devant eux.
Nous les reverrons en 2011. Les Domecq du sous-encaste Haribo. Les Daniel la Mouise, les Victoriano de la Rivière, les Garcimore le Grand, les Dimanche Hernandez, les Nunez du Cul Vrillé. Et les Santa Coloma "décastéinés" de la Cinquième !!
Dans la pena des mouilleuses de culotte au premier redondo inversé ou dans le club taurin des éjaculateurs de la naturelle profilée fuera de cacho, les sots de l'aficion en redemandent. Vaya aficion !!

Demain, les sauts du Juli, les sots de l'aficion, les toros sosos et quelques autres sottises entraîneront la tauromachie au fond du ... seau !!!

Miguel de Burdeos

lundi 15 novembre 2010

DU BON BUENDIA

Sur le sable de l'ovale de Morlanne, quatre erales au trapio plus imposant que celui de la plupart des novillos lidiés cette année, dans les deux arènes de première catégorie landaises. Quatre erales encastés qui demandent à combattre. Certains humiliant avec une noblesse piquante, d'autres gardèrent le frontal à mi-hauteur. Tous permettant des faenas en offrant des charges allègres, plus ou moins longues, à condition de présenter des "papiers" en cours de validité. Un lot intéressant et encourageant pour le nouveau fer de Javier Buendia.

Après la vente de la ganaderia Bucare, Javier Buendia est reparti avec quelques vaches et novillos de son ancien cheptel, auxquels il ajouta des vaches de San Martin (origine Santa Coloma-Buendia). Si les futurs produits ressemblent aux novillos de Bucare vus à Saint Sébastien (2007), Céret (2008) et Mont de Marsan (2008), il est un nouvel élevage à ne pas perdre de vue.

Les quatre erales ont remporté aux points le combat les opposant à une terna très terne !!
A retenir, quelques derechazos de Juan Leal et des séries droitières liées et templées de Juan Ortega. Celui-ci, peut-être victime d'une perte de mémoire conséquence d'une sérieuse voltereta, oublia (??!!) de toréer de la main gauche à moins qu'il n'affirme ainsi son désir de suivre les traces de quelques figuras qui n'ont aucun remords à triompher sans toreo al natural !!
Le madrilène Francisco Jose Espada délivra des naturelles de qualité mais fit preuve, comme le Colombien Juan Viriato, d'une grande verdeur dans le toreo et le maniement des aciers.

Après les Coquilla de Mariano Cifuentes l'an dernier, la pena Jeune Aficion de St Sever a, une nouvelle fois, proposé de la qualité et de l'innovation. Merci à elle. Il est des chemins qu'il fait bon de suivre...