mercredi 26 octobre 2011

UN BOL D'AIRE

Les cinq premiers étaient marqués du fer d'Hubert, le sixième portait la marque de Françoise. Les six pensionnaires de la Bélugue n'usurpaient pas leur qualité de toro de lidia entrevue sur les affiches de promotion. De la tête, de belles hechuras et du trapio pour les Yonnet d'Aire sur Adour.
Avec moins de faiblesse, les 1 et 4 auraient pu pleinement exprimer leur noblesse. Intéressants furent les 2 et 3, nobles avec un fond de caste non négligeable. Du genio et des derrotes pour le 5. Encasté, mal exploité et supérieur à son opposant bipède, le 6.
Tous partirent à, au moins, deux reprises vers le cheval (trois rencontres pour les 4 et 5, tous deux tardos), sans s'employer sous le fer.

Javier Castano (vuelta - vuelta) a hérité d'une faible doublette. Il lidia avec la volonté de mettre en valeur les cornus. Mérite lui en soit rendu.
Manuel Escribano (salut avec 1 avis - vuelta) a montré, dans sa première faena, qu'il avait une bonne main gauche et qu'il n'hésitait pas à s'en servir. Enfin, quelqu'un qui ose toréer al natural !!
Il ose également, dans des terrains ultra réduits, des poses de banderilles al quiebro por dentro, qui changent des sempiternels et inesthétiques (à mon goût) violin en tout genre.
Medhi Savalli (silence avec 1 avis - silence avec 1 avis) devrait s'interroger sur son avenir dans ce métier. Avec des muletazos enganchés, des pasitos atras, des placements approximatifs, il est resté très en deçà des possibilités de ses deux toros.
Dommage !! Pour lui. Pour l'éleveur. Pour l'aficion.

Déroutante et contradictoire aficion qui réclame des toros et qui ne se déplace pas quand ils sont présents (une demi-arène). Les vrais toros font moins recette que les fausses vedettes !!

Miguel de Burdeos

lundi 24 octobre 2011

PLAZA EDEN PARK

Un Rougerie encasté.
La bravoure de Mas.
La noblesse de Trinh-Duc.
Un Dusautoir débordant de race.
Les qualités des toros se retrouvent chez les rugbymen.

Le genio de MacCaw.
Les défauts aussi ...!!!

Miguel de Burdeos

lundi 17 octobre 2011

SOL DEL PILAR


Le soleil se lève sur le campo d'Aragon. Mercredi 12 octobre, dia del Pilar, jour des offrandes. La Virgen del Pilar attend son floral manteau. Six millions de fleurs, 400 000 personnes dans les rues de Saragosse. Des Aragonais(es) en costume traditionnel, des touristes en pèlerinage, des aficionados égarés. Belle journée pour entretenir mon agoraphobie !!

Trois quart d'arène pour El Cid, M.A. Perera, Daniel Luque et les toros (?) de Parlade. Dix cornus sont entrés en piste : sept Parlade (les six programmés, plus le 1 bis), un San Mateo (2 bis), un San Pelayo (2 ter), 1 Las Ramblas (5 bis). Dénominateur commun : faiblesse et decastamiento. Les Parlade avaient de la tête et .... c'est tout !! Laids et mal foutus qu'ils étaient. Le chroniqueur du Heraldo de Aragon écrira qu'ils avaient, je cite, :"des culs de poulets" !! Les deux "Saints" du Nino de la Capea, très anovillados, étaient des sobreros typés toros de Dax ou Mont de Marsan version 2011!! Daniel Luque obtiendra l'oreille de son second en s'arrimant, tel un novillero, pour arracher quelques muletazos, dans un toreo de qualité, au final encimista. Une épée placée et engagée conclura l'ouvrage de l'andalou.

Jeudi 13 octobre. Les Nunez d'Alcurrucen ont composé un lot de présentation homogène et correcte avec un fond initial de mansendumbre qui révèlera, sous le fer, pour les 2, 3 et 5, une bravoure génératrice de noblesse encastée.
Curro Diaz est passé par Saragosse !! Sans envie, sans éclat, tels ces pseudo-artistes pour qui s'arrimer face à du bétail difficile est banni du vocabulaire. Juan Bautista est resté très en dessous des 2 et 5. Leandro Marcos a montré quelques sincères dispositions face à ses deux opposants.

Vendredi 14 octobre. 12h00, apartado. Sont mis en chiquero, quatre jaboneros, deux negros et deux castanos marqués du fer de Prieto de la Cal. 16h30, le dépliant-sorteo du jour annonce cinq Prieto (dont deux jaboneros), un Alcurrucen (le 4) et deux sobreros de Lozano Hnos. Où sont passés les deux jaboneros du matin ? Cosas de toros !!
Des toros décastés, mansos, mal présentés (excepté le 6) et, pour certains (2 et 4), fort mal lidiés. Le toro du fer d'Alcurrucen, qui ira, en manso, à cinq reprises vers les chevaux et montrera, au troisième tiers, un fond de caste sera le seul intéressant de la tarde.
Fernando Robleno fera face avec honnêteté. Alberto Aguilar sera brouillon et en partie desconfiado. Carlos Gallego, aragonais qui toréait sa deuxième corrida de la temporada, sera volontaire et soutenu par son public.

Samedi 15 octobre. Après la bonne prestation de l'an passé, le lot de Cuadri était très attendu. Si la présentation fut de qualité, le comportement laisse un sentiment mitigé. Trois toros (2, 3 et 4) furent d'intérêt, avec mention au très brave 2 qui poussa franc et fort lors de ses deux rencontres avec le cheval et montra sa caste, sur sa corne gauche. Les 3 et 4 manquèrent de force pour être de vrais braves. Les trois piques (en fait des picotazos) que pris le 4 (bien lidié par J. Castano), après des départs à mi-distance et sans s'employer, ne font pas, selon moi, un toro complètement brave. La franchise de la charge était là, manquait l'énergie. Preuve en est, qu'il s'affaissa après le troisième contact et qu'il alla a menos tout au long de la faena. Les trois autres bichos alternèrent entre genio, soseria et decastamiento.
Javier Castano fut, comme de coutume, un bon lidiador. Pour l'aragonais Luis Antonio Gaspar "Paulita", c'était la première sortie en habit de lumière de l'année. Bien qu'il fût appliqué, le manque d'oficio se fit sentir. Ivan Garcia fut sérieux et sincère dans ses prestations. Pour les trois toreros, des difficultés avec les aciers.
Concluons avec ce qui restera le meilleur moment de la tarde, la grande paire posée par David Adalid (cuadrilla de J. Castano) face au 4. Un geste salué par la plaza entière qui se leva pour rendre hommage au banderillero.

Miguel de Burdeos

mardi 11 octobre 2011

TOROS EN LE HOUGA

Un air rafraîchissant souffle sur la placita rectangulaire. Loin des ferias estivales. Celles qui se prennent très au sérieux sans totalement s'assumer ou celles qui ont perdu leur sérieux !!
Au Houga, petite commune gersoise, on n'y va pas pour se montrer et moins encore pour être vu. Cela élimine bon nombre d'opportunistes. J'aime cet endroit. Il respire l'honnêteté des gens sincères.

Les erales navarrais d'Angel Santafe Marton ont rendu la tarde agréable. La noblesse encastée des bons 2 et 5 (celui-ci primé d'une vuelta) a débordé un Kike limité, peu dominateur et qui ne saura exploiter ses deux opposants. Silence et vuelta avec légère pétition au 5.
Face au lot le plus court de charge (le premier était diminué par un arrière train défaillant), le madrilène Victor Alvarez montrera son envie et ses qualités de banderillero. Silence et une oreille coupée au 4.
Clementito fait preuve d'une verdeur certaine. Peu puesto, rarement dominateur, souvent désarmé, il sera, lui aussi, en dessous de ses novillos. Silence et une oreille (très généreuse) obtenue face au 6.
Au final, le seul triomphateur du jour, qui sortira a hombros, sera le ganadero de Villafranca.

Miguel de Burdeos

mercredi 5 octobre 2011

JOUR D'INDULTO


Ce matin, avant le début de l'encierro quotidien, je suis monté sur les hauteurs de la ville. L'église San Damian y San Cosme y abrite les saints patrons que chaque année, quelques voisins navarrais tentent amicalement d'enlever, eux qui s'en proclament légitimes propriétaires. Histoires de religion.
Plus haut, sur son promontoire, dominant la vallée du rio Cidacos, s'effrite le vieux château en ruine, édifié là, sur une ancienne frontière entre la Chrétienté et le monde Musulman. Histoires de religion.
Ces anciens édifices ont une force tranquille qui inspire le respect.

La veille, dans les corrales, les six novillos de Baltasar Iban inspiraient également le respect. Tel un pack de rugbymen, confiants avant la mêlée, ils s'étaient regroupés. Unis, calmes, sereins, sûrs de leur force, prêts pour un combat qu'ils ne connaissaient pas. Dans leur regard, on lisait : " Si tu me laisses tranquille, tout ira bien. Si tu m'emmerdes, tant pis pour toi." Fallait pas les emmerder !!

Sorti en sixième position, marqué du n° 36, né en octobre 2007, de pelage noir, Santanero II avait du trapio, de belles formes, des armures imposantes. Applaudi à son entrée en piste, il fut brave devant le fer. Monopiqué*, dans un puyazo fortement appuyé et de longue durée, qui en valait bien trois de ceux que l'on voit habituellement, il poussa avec franchise la cavalerie, sur près d'un quart d'arène.
Ses charges nobles, longues, allègres, répétées, franches, encastées ont fait chavirer la Arnedo Arena. Un premier mouchoir blanc, puis un second et enfin des dizaines. Fernando Adrian pose son épée et enchaîne les muletazos. D'autres mouchoirs blancs. De plus en plus. Et un mouchoir orange qui tombe du palco présidentiel. Putain, c'est beau et émouvant un mouchoir orange quand il est mérité.

Des larmes coulent sur quelques joues, des sourires jusqu'aux oreilles sur tous les visages. Merci Cristina Moratiel, ganadera. Merci au Club Taurino Arnedano. Merci Fernando Adrian, novillero. Merci à Santanero II, novillo de race.
Sur le chemin du retour, la nuit était remplie d'étoiles. Certaines étaient filantes. De celles qui autorisent les vœux ...
C'était jour d'indulto à Arnedo - La Rioja.

Miguel de Burdeos

* Arnedo est une arène de deuxième catégorie où le règlement autorise une seule pique. Une seconde (ne serait-ce qu'un picotazo cité à distance) aurait été appréciée. Toutefois, le novillo, fixé au cheval, s'est grandement employé lors de l'unique rencontre. Sa bravoure était une évidence.

lundi 3 octobre 2011

ZAPATO DE ORO 2011


Le soleil d'un été indien qu'on appelle, là-bas, été de St Michel, réchauffe les vieilles montagnes et donne tout son éclat à leur majestueuse couleur ocre. Pins, vignes, oliviers et amandiers viennent parsemer d'un vert soutenu les terrasses cultivées des coteaux. Ocre et vert, les deux teintes dominantes aux alentours d'Arnedo. Ocre et vert, comme les murs de la Arnedo Arena.

Arnedo (La Rioja), Feria du Zapato de Oro 2011.

27/09, novillos de La Quinta.
Lot de belle présentation, dans le type de l'encaste (plus sérieux et plus homogène que certaines corridas lidiées en terres landaises !!). Monopique pour tous. Noblesse encastée pour les 1, 2 (un bon novillo) et 6 (un ton en-dessous), mal ou peu exploités par leurs opposants bipèdes.
Mathieu Guillon : transparent, comme absent. Le corps est dans le ruedo, la tête semble ailleurs. Inquiétant.
Damian Castano : se satisfait du minimum face au 2 qu'il citera de loin, mettant en valeur la belle charge de l'animal. Une oreille généreuse.
Rafael Cerro : loin du niveau de sa prestation dacquoise. N' a pas trouvé le sitio devant l'intéressant 6 qui permettait une faena de qualité.

28/09, novillos de Valdefresno.
Belle présentation. Lot sérieux avec plus ou moins de recorrido. Supérieur le 1, brave et rempli de noblesse encastée (bon novillo). Intéressants les 5 et 6. Monopique pour tous (forte pour le 1).
Conchi Rios : une grande faena devant le premier novillo très encasté . Muleta dominatrice. Du temple avec du dominio. Toreo sincère, profond et engagé. Deux oreilles. La seconde un peu généreuse car il n'y eu qu'une - très bonne- série gauchère.
A revoir. Elle se place pour remporter le zapato de oro.
Victor Barrio : leader de l'escalafon ? Toreo superficiel et voyagiste.
David Galvan : blessé lors de sa première faena. Semblait desconfiado.

30/09, novillos de Pedraza de Yeltes.
Nouveau triomphe de la noblesse niaise. Des novilllos qui servent au troisième tiers avec souvent un manque de fond (excepté pour le 5). Monopique discrète pour tous (plus présents les 4 et 6). Vuelta très généreuse et non légitime pour le 5. Il dura au troisième tiers, avec sa noblesse sans surprise.
Sergio Flores : quelques gestes isolés laissant entrevoir le temple du mexicain.
Alberto Lopez Simon : une personnalité qui passe bien auprès du public local (vainqueur des zapatos de plata y de oro en 2010). Faena inspirée face au 5. Pas toujours centré. Des séries entamées au large, en rapprochant, au plus près, à chaque muletazo, le novillo. Du temple et du ligazon. De l'aguante. De la profondeur. Un air de Talavante. Un toreo assuré qui demanderait plus de sincérité pour être totalement abouti. Deux oreilles. Le tenant du titre devient un sérieux candidat pour une deuxième chaussure d'or.
Luis Gerpe : de la verdeur. Six novilladas à son compteur. En difficulté face au genio du 6.

01/10, novillos de Prieto de la Cal.
Six estampes de novillos. Les photographes se régalent. Cinq jaboneros et un berrendo en melocoton. Cinq décastés et un (le 2), manso avec un léger fond de caste. Peu ou pas de recorrido. La tarde de l'ennui. Pour de "divertir" les penas lanceront une ola, après l'estocade du 5.
Six silences. Alberto Duran, Emilio Huertas, Javier Jimenez ont essayé, avec peu de réussite, de tirer quelques séries en arrachant, un à un, les muletazos. Les deux derniers furent les plus centrés. Jimenez étant, sur sa gauche, un adepte du "profilage" à outrance.

02/10, novillos de Baltasar Iban.
Six novillos de très belle présentation. Quatre (1, 3, 5 et 6), nés en octobre 2007, à quelques jours d'être des toros. Présents face au cheval. 2, 5 et 6 monopiqués ; double ration pour les autres. Le 6 s'emploie fort, avec franchise, dans un très long puyazo. Tous, sauf le 2, genuido, développant cette noblesse encastée qui fait les grands toros, quand elle est comprise et exploitée par les bipèdes. En des mains plus expertes, les 4 et 5 étaient des novillos de vuelta. Le 6 est reparti vivant vers son campo madrilène. Un indulto émouvant et mérité pour un excellent novillo. Un très grand lot. Vuelta finale a hombros du mayoral.
Sergio Blasco et Angel Puerta sont passés à côté de deux triomphes (face aux 4 et 5). Le premier n'a jamais compris qu'il fallait donner de la distance au bicho et l'a étouffé dans un inapproprié toreo de proximité. Le second a mis en valeur les qualités de charge du novillo, mais, est resté très en dessous de son opposant cornu.
Fernando Adrian fut très centré, mais souvent enganché devant le bon 3 qu'il tua d'une épée trasera et de deux descabellos (vuelta avec forte pétition d'oreille justement refusée par la présidente). L'ouvrage qu'il proposa face à Santanero II (le 6) fut d'un remarquable niveau technique et esthétique. Séries citées de loin, liées avec temple, sur les deux bords, en étant centré et dominateur. Au final, un rabo symbolique, bien que la présidente n'ait sorti que deux mouchoirs blancs (sauf à ce que ma vision défaille) et le trophée du Zapato de Oro pour le novillero.

Dans les rues d'Arnedo, à la nuit tombante et en attendant les premières notes du "Pobre de mi", régnait le doux plaisir des tardes d'alegria.

Miguel de Burdeos