vendredi 29 octobre 2010

EN APARTE

Une porte métallique au fond d'une froide impasse, balayée par les rafales d'un vent descendant des Pyrénées. Les habitués locaux, un couple de Britanniques, une jolie brune d'Aragon, les Nîmois du club des amis et la queue qui s'allonge. Attendre une heure parce que les recortadores sont dans la place.
Et la porte qui s'ouvre. Chacun prend sa place. Silence. Ils arrivent. Fiers, beaux, armés.
Quelques trop courtes secondes à les admirer, à les imaginer au combat, à les espérer débordant de caste.
Les toros de Partido de Resina/Pablo Romero ressemblent à des toros de lidia. C'est con à dire !! Encore plus à écrire. Con ou triste ? Peut-être les deux. Enfin, je pense ...
Tellement il y a de bestioles à quatre pattes et deux cornes qui ne ressemblent à rien et qui font croire que ...

Miguel de Burdeos

P.S. : Saragosse, midi (ou à la fin des recortadores), apartado, gratuit. Attendre devant la porte métallique cachée par les camions de la télé, côté opposé à la taquilla.

mercredi 20 octobre 2010

UN MANTEAU D'ESPERANCE


Sur la scène du paseo Independencia de Saragosse, les Celtas Cortos reprennent en castillan le "Fiesta" de leurs lointains cousins celtiques Les Pogues. Il y a une vingtaines d'années, ces derniers offrirent à la salle des fêtes du Grand-Parc de Bordeaux un des concerts les plus déjantés de l'histoire musicale bordelaise. En ces temps-là, les toros revenaient à Bordeaux, dans la défunte plaza Goya de Floirac. Vingt ans plus tard, restent des souvenirs. De jeune con, on devient vieux con ...

Il y a vingt ans, ils s'appelaient Pablo Romero. Aujourd'hui, c'est Partido de Resina. Cependant, la beauté unique de ces toros cardenos est restée la même.
Dernière des corridas pédestres de la feria del Pilar 2010, six ex-Pablo Romero pour J.J. Padilla, Alberto Alvarez, Ivan Fandino.
Malgré, pour certains, une légère faiblesse au premier tiers, l'ensemble fut digne d'intérêt. Proches des six ans pour quatre d'entre eux (1,3,5,6), nés en novembre ou décembre 2004. Léger le 2, gordito le 4 (624 kg) Du trapio et de belles armures pour les 1,5 et 6. De la présence face au cheval pour les 3 et 5. Des côtés droits exploitables pour les 2, 3 et 5, qui se révélèrent plus compliqués sur la gauche en développant du sentido. Noble avec peu de transmission le 1. Décasté le 4.
Une terna à la lidia souvent déficiente et au niveau technique insuffisant ne permit pas de faire ressortir les qualités des meilleurs de lot (2, 3, 5) qui permettaient de construire des faenas droitières à qui voulait toréer avec sincérité.
Après le bon toro lidié, en ces mêmes lieux, lors de la corrida-concours printanière, l'espoir revient pour Partido de Resina/Pablo Romero.

Au pied de la Vierge du Pilar, un manteau de fleurs multicolores comme autant d'offrandes de remerciements ou de voeux. Sur le manteau, il y avait du bleu céleste et blanc...

Miguel de Burdeos

vendredi 8 octobre 2010

CHAUSSURES A SES PIEDS


Dans la nouvelle Arnedo Arena, au confort appréciable, à l'esthétisme extérieur discutable, quinze novilleros venaient conquérir le Zapato de Oro, trophée de la ville de la chaussure, récompensant la meilleure des faenas de la feria.

Lundi 27 septembre.
La Quinta (origine Santa Coloma-Buendia) : noblesse avec fond de caste pour les 1, 2, 3, 6. Blando le 4. Manso con casta le 5. Bravoure anémique. Belle présentation de l'ensemble.
Cristian Escribano : fait des passes en regardant un invisible miroir qui reflèterait son image!!
Thomas Dufau : toreo au profil extrême, sin dominio. La copie-collée habituelle!!
Damian Castano : agréable surprise, car ne m'avait jamais convaincu en non piquée. Utilise les qualités de charge des novillos et les met en valeur en donnant de la distance. Ligazon, temple, toreo profond, main basse, dominio. Oreille au premier (généreuse vu le placement de l'épée), oreille méritée au second avec un grand coup d'épée, pétition de deuxième oreille et double vuelta.

Mardi 28 septembre.
Piedraescrita (origine Nunez del Cuvillo) : noblesse et faiblesse y punto !!
Angelino de Arriaga : a perdu le sitio et le temple. Visiblement pas rétabli de sa grave blessure de fin de temporada 2009.
Jose Arevalo : de l'envie, de l'excès, toreo bullidor.
Victor Barrio : très malheureux au sorteo. S'arrime pour arracher quelques derechazos au manso perdido aquerenciado sorti en 6.

Jeudi 30 septembre.
Baltasar Iban : présence sans excès au premier tiers. Comportements divers. Bon novillo le 2, à la noblesse encastée. Idem le 1, mais un ton en-dessous. Genio pour le 5. Servent les 3, 4, 6 en s'éteignant rapidement.
Jimenez Fortes : du bon et sincère toreo par instant. Très profilé par moment. Abus de redondos inversés.
Juan del Alamo : classique et sincère dans sa première faena (derechazos suivis de naturelles et sans aucun redondos. Merci !!), justement récompensée d'un trophée.
Jose Miguel Valiente : le moins bien servi par le bétail. De la verdeur.

Vendredi 1er octobre.
El Cubo (origine Murube avec un apport de vaches Domingo Hernandez) : mansedumbre y genio.
Arturo Saldivar : quelques derechazos de qualité au premier.
Sergio Blanco : de l'envie et de la verdeur.
David Galvan : hérite du plus mauvais lot. En difficulté avec l'épée (une media, 19 pinchazos et 3 avis), il n'a pas su résoudre les problèmes posés par l'ultime manso perdido de ce mauvais
encierro.

Samedi 2 octobre.
Hnos Fraile Mazas (1, 2, 3) et Valdefresno (4, 5, 6), soient les deux fers de Nicolas Fraile (origine Atanasio Fernandez-Lisardo Sanchez) : bien présentés. Faiblesse qui limite la présence au premier tiers. Mobilité (sauf pour le 6, très vite arrêté). Noblesse version tonteria avec charge courte. Vuelta ridicule pour le 3. Le meilleur novillo de la tarde (et, pour moi, de la feria) fut le sobrero de Baltasar Iban sorti en 5 qui s'employa généreusement lors des deux rencontres face au piquero (la deuxième avec le cheval de réserve) et développa une noblesse allègre des deux bords.
Esau Fernandez : des hauts et (surtout) des bas. Quelques derechazos de qualité. N'a pas su utiliser au mieux son second opposant qui demandait de la distance et non un toreo encimista de peu d'intérêt.
Miguel de Pablo : il me serait surprenant qu'il devienne un grand torero. Approximations et accrochages. Est passé à côté du bon cinquième.
Alberto Lopez Simon : de l'élégance et du temple, de l'envie et de l'originalité dans la construction de sa première faena (2 oreilles). Mais aussi, un certain manque de dominio avec du toreo fuera de cacho. Plus croisé et plus sincère devant son second novillo pour arracher avec difficulté des muletazos à un animal arrêté. En additionnant le meilleur des deux faenas, le résultat eût été excellent !!

Les prix du Zapato de Oro 2010
- Zapato de Oro : Alberto Lopez Simon
- Meilleure estocade : Alberto Lopez Simon
- Meilleur toreo de cape : Juan del Alamo
- Meilleur élevage : Baltasar Iban
- Meilleur novillo : "Cubanero" de La Quinta, lidié en 6.

Le toreo sincère et n'hésitant pas à mettre en valeur les novillos proposé par Damian Castano pouvait prétendre au Zapato.
L'élégance, le style, l'originalité d'Alberto Lopez Simon ont convaincu le jury. Avec plus de sincérité et de dominio, j'adhérai également. Là, je reste dubitatif...
Alberto Lopez Simon devient le premier novillero à avoir remporté la même année le Zapato de Plata (réservé aux novilleros sin caballos) et celui de Oro. En voila un qui sera chaussé pour l'hiver !!

Miguel de Burdeos

mercredi 6 octobre 2010

LE BLE EN EBRE


Apéritif de la Feria del Pilar, la Plaza de la Misericordia de Zaragoza proposait une fin de semaine avec deux demi-finales de novilladas sans picadors.

Le samedi 25/09, le bétail de la ganaderia voisine des Hnos Marcen Romero (origine Contreras) n' a pas facilité la tache des jeunes apprentis toreros. Sentido et mansedumbre caractérisant le lot. Seul le 1 (faiblot) et le 3 (au trapio imposant, à la noblesse allègre et applaudi à l'arrastre) furent des opposants de qualité.
Chez les bipèdes, Martin Campanario (Huesca) fit étalage de toute sa verdeur, tout particulièrement dans l'utilisation des aciers (un total de 26 descabellos, 18 et 8).
Alvaro de Miguel (Alicante) a démontré son envie et ses limites techniques.
Luis Miguel Castrillones (Colombien dirigé par J.A. Campuzano et récent vainqueur de la finale des non piquées Dacquoise) coupera l'oreille de son premier novillo en délivrant des muletazos esthétiques mais souvent au large et sans réel dominio.

Dimanche 26/09, les erales d'origine Santa Coloma-Buendia de l'élevage aragonais Los Manos ont été d'un niveau bien supérieur. Mobiles et donnant du jeu (avec parfois une légère faiblesse), les 1,2,4 et 5 démontrèrent leur noblesse encastée. Salut justifié du mayoral en fin de course.
Curro de la Casa (Guadalajara) a eu la malchance de tirer le lot le plus compliqué (3 et 6) car rempli de sentido. Otra vez sera.
Juan Bellido "Chocolate" (Madrid) développa un toreo poderoso y con ganas. Avec une entière engagée, il fit tomber l'oreille de son second adversaire.
L'agréable surprise du jour sera l'oeuvre de Ricardo Maldonado (Valladolid). De la maîtrise technique, de l'inspiration, de l'élégance, du temple, du dominio, de la planta torera. Une oreille au premier, une simple vuelta au second à cause d'un échec aux aciers. Dans les larmes qui l'accompagnaient tout au long de son tour de piste, se lisait la déception du jeune homme, venu sur les bords de l'Ebre pour triompher.

Miguel de Burdeos