lundi 31 mai 2010

BLEU DE GASCOGNE

Quand revient l'automne, les terres de Gascogne sont envahies par une fièvre qui décime des populations entières d'autochtones. Le passage migratoire en ces lieux d'un oiseau bleu n'y serait pas étranger.
Sont-ce les séquelles de cette maladie, peut-être mal soignée, qui perturbent des présidences de la plaza Vicoise jusqu'à leur faire sortir, avec allégresse et peu de discernement quelques mouchoirs bleus pour honorer de manière ridicule ou excessive des animaux qui ne le méritaient pas ?
Pour mémoire, deux toros d'Escolar Gil en 2009 et 2010, un Palha en 2010, un novillo de Flor de Jara en 2009. Désormais, Vic n'a plus rien à envier à Nîmes, si souvent placée au ban des accusés pour des motifs similaires.
En Armagnac, faute de toros, nous eûmes des mouchoirs bleus !!!!

Miguel de Burdeos

mercredi 26 mai 2010

LES RELAYEURS


En regardant El Fundi quitter la plaza de Vic-Fezensac sous les sifflets, pas totalement injustifiés, mais assurément injustes, d'une aficion à la mémoire courte ou en déficit de connaissances (pourquoi ces applaudissements pour Juan Bautista, superficiel et insuffisant devant ses premiers Victorinos ?), j'imaginais une transmission de relais entre ce guerrier fatigué qui a livré tant de batailles et ceux qui désormais, aspirent à assurer la relève.

Tel Rafaelillo, toujours aussi combatif face à deux alimanas de la maison Victorino et fils. Il n'hésite pas à mettre en avant jambe et poitrine, là où d'autres, face à un danger moindre, reculent de deux pas (n'est-ce pas Jean Baptiste !!!!).
L'autre guerrier Vicois fut Alberto Aguilar. A son actif, des séries au toreo débordant de sincérité, du dominio, un énorme tercio de banderilles à son second toro, deux grandes estocades et une lidia quasi parfaite au second Palha, primé d'une vuelta quelque peu généreuse car c'est Aguilar qui a "fait" ce toro et non le toro qui était "grand". Simplement un bon toro. Présent sous le fer, sans s'employer outre mesure, il aura une embestide allègre. Toute l'intelligence d'Alberto Aguilar aura été de lui délivrer une faena dense (quasi exclusivement gauchère) et courte (à peine plus de cinq minutes), au vu du manque de fond de l'animal qui, sans cela, aurait été a menos comme les autres bichos de ce lot, décevant dans son ensemble.
S'il est un reproche à faire à Alberto, c'est l'excès de rapidité dans le déplacement de la muleta. S'expliquant peut-être, par la rage et l'envie accumulées au cours de ces longs mois d'indisponibilité, conséquence d'une grave blessure au genou, survenue au début de la dernière temporada. Au final, trois oreilles méritées (une et deux). Trois oreilles de Vic, qui en valent quinze à Palavas !!!....
Parmi les autres bipèdes, on retiendra le temple et le ligazon du novillero de Camas Esau Fernandez (une oreille) et de David Mora (deux oreilles, la deuxième généreuse), l'honnêteté et la sincérité habituelles dans le toreo de Sergio Aguilar (une oreille généreuse) ainsi que les copies totalement hors sujet d'Antonio Barrera et de Mehdi Savalli.

Côté toros, que de déceptions!! L'absence de ce qui est le moteur du toro combat, à savoir la caste, a transformé la féria Vicoise en un ennui continu. Des Flor de Jara fanés, des Escolar Gil blandos (ridicule et justement protestée la vuelta du 3° !!!), des Palhas "palots", des Victorinos cinquenos et genuidos et une corrida-concours où seul le toro de Dolores Aguirre fut dans le type de la casa, manso con casta. A son sujet, une réflexion entendue à la sortie des arènes m'interpella :"On va pas récompenser un manso". Soit. Mais alors, pourquoi proposer un Dolores Aguirre en concours ? La spécificité de ce bétail étant, justement, d'être manso con casta et c'est bien ce qui le rend fort intéressant (lidia compliquée pour qui n'a pas les papiers).

Il restera également, de ce week-end en terres d'Armagnac, l'image de ces mères et de leurs becerros s'échappant à la vue de l'intrus qui vient les déranger. Peut-être y a-t-il parmi ceux-là, entre Bars et St Christaud, chez Jean-Louis Darré, le toro qui, en 2014, offrira un nouveau triomphe à Alberto Aguilar? Pour les toros aussi, il y a des relais à transmettre...

Miguel de Burdeos

jeudi 20 mai 2010

BALTASAR, ADOLFO, IVAN ET FERNANDO


Le vent soufflait et il faisait froid sur Alès. Dans ce climat hivernal, tels des Rois Mages de printemps, ils sont venus apporter leurs présents.

Baltasar (Iban) vint avec des toros au remarquable trapio. Bien faits et sans excès. Présents, pour la plupart, dans les trois tiers de la lidia. Excellent, dans sa noblesse encastée, le premier, malheureusement proposé à un Javier Valverde dont les jambes sont encore dans l'arène mais dont la tête est déjà à la retraite, aurait, dans d'autres mains, pu prétendre à une vuelta.
Caste et bravoure pour les 5° et 6°, supérieurs à un Julien Miletto et un Eduardo Gallo, peu convaincants. Au crédit du nîmois, deux grandes estocades ; le salmantin délivrant quelques muletazos bien dessinés mais avec peu de dominio.

Adolfo (Martin) avait avec lui, un lot débordant de bravoure face au cheval. Des toros qui s'employèrent avec puissance et franchise lors du premier tiers (deux vraies piques chacun, batacazo pour les 4, 5 et 6). Des toros cinquenos qui ont vite compris la musique sans avoir envie de jouer la partition. En effet, excepté le 5° et, à moindre degré, le 6°, qui firent preuve d'une certaine noblesse (sans être ni soso, ni tonto), tous devinrent rapidement querenciosos, con genio y sentido. Compliqués pour la terna.

Ivan (Fandino) était apparu très "vert", il y a trois ans, à Labrède et Vic. Visiblement, le fruit a muri.
Il est venu, face aux Adolfos, avec un toreo sincère et sans tricherie. A revoir pour confirmation (il est annoncé à St Gilles et Orthez).

Fernando (Robleno) a apporté cette qualité qui rarement lui fait défaut : le pundonor. Devant les cousins des Victorinos, il a une nouvelle fois démontré que son courage est inversement proportionnel à sa taille. Un de la tribu des guerriers.

Trapio, caste et bravoure pour les toros. Pundonor, courage et sincérité pour les toreros. Une féria peut se construire sur ces valeurs. Celles des gens d'ici. De ceux qui, il y a quelques décennies, descendaient sous la terre en habit de noir et de peu de lumière.

Miguel de Burdeos

mardi 18 mai 2010

CAPE D'OR ET DE BLEU, BLANC, ROUGE


Sur le parvis de l'amphithéâtre nîmois, à jamais, son image viendra rappeler aux générations à venir que la tauromachie française s'est construite avec les pierres qu'il y a apporté.
Cette matinée d'Ascension ressemblait à un 14 juillet précoce. Six novillos d'élevages de France et trois novilleros tricolores. Ne manquait que la patrouille de France, pour un vol au-dessus des arènes et la musique de la Légion, pour remplacer le sempiternel (et presque lassant !!) Paquito Chocolatero, par un original "Tiens, voilà du toro" !!!
Sur la piste, un nîmois, un arlésien, un landais. Et tout là-haut, qui les observe, Christian ...

Patrick Oliver (silence avec 2 avis, 1 oreille) : fiasco aux aciers, 14 pinchazos, 3 épées, 3 descabellos au premier novillo, bajonazo au second. Une seconde faena à la technique affirmée, avec usage excessif du pico.
Thomas Joubert (1 oreille, salut avec 2 avis) : très en novillero, envie de bien faire et de convaincre, double attente de la sortie de l'animal au centre et dos au toril, du temple, du ligazon, de la douceur dans le poignet. Un descabello catastrophique au second (13 essais) et s'envole le triomphe.
Thomas Dufau (salut, silence) : du bruit et des passes, cite vocalement très fort, à en devenir pénible et torée peu. Superficiel.

Gallon : noble, sans transmission. Pagès-Mailhan : noblesse allègre. Jalabert : très vite éteint. Los Galos : s'emploie avec franchise à la première pique, picotazo en guise de seconde, répète les charges avec grande noblesse, vuelta ridicule. Virgen Maria : présent sur les deux piques, embestide allègre, vuelta généreuse. Blohorn : peu de transmission.

Thomas Joubert remporte le trophée de la Cape d'Or.
Et à côté, capote en main, prêt pour le quite, Christian ....

Miguel de Burdeos

lundi 10 mai 2010

LE DOUBLE


Deux annulations, pour cause de pluie, en une semaine. Beau doublé !!
Après Aire, c'était hier, le tour de Bougue. Une heure avant le paseo, de gros nuages noirs libèrent une averse orageuse. Une demi-heure après, ciel bleu et soleil reviennent. Trop tard. Décision déjà prise. Flaques d'eau sur la piste. Bolsin reporté au dimanche 16 mai.
Peut-être qu'avec une bâche ?
Peut-être qu'avec du personnel et du matériel pour remettre en état le ruedo ?
Peut-être qu'un nombre insuffisant de spectateurs ?
Peut-être qu'il fera beau dimanche prochain ?
Sans vouloir jeter la pierre aux organisateurs bénévoles, il leur sera suggéré de réfléchir aux deux premières interrogations ci-dessus. Alors peut-être, le sentiment d'avoir été "couillonné" pour le deuxième fois en huit jours sera-t-il moins amer ?...

Miguel de Burdeos

mercredi 5 mai 2010

A BOUGUE

Dans une ancienne vie de coureur cycliste amateur, je ralliais, lors d'une épreuve contre la montre, Labastide d'Armagnac à Mont de Marsan. Lancé dans une faena de 30 kilomètres, je poursuivais le gendarme-motard qui me montrais la route, sans jamais pouvoir le rattraper. Un peu comme ces toros qui suivent un leurre rouge leur indiquant un chemin dont la ligne d'arrivée est d'une issue fatale.
Sur le parcours, un panneau d'agglomération indique "BOUGUE". Le nez dans le guidon, à peine j'y prêtais attention, trop occupé à tenter de gagner quelques secondes.
Quelques années plus tard, les secondes semblent de plus en plus courtes. Peut-être l'âge??....
Désormais, une fois par an, je m'arrête à Bougue. Dans la placita champêtre, des apprentis toreros viennent chercher triomphe et contrats. Leur contre la montre à eux. Sans vélos, avec des toros. Plus de risque, autant de passion.
A Bougue, je n'ai jamais croisé les "je m'as-tu vu" Dacquois, Vicois ou Nîmois. Ceux qui connaissent tout sans rien savoir !!
Bougue respire l'authenticité des choses vraies. Avec discrétion, respect et sans esbroufe. Puisse-t-il longtemps en être ainsi !! Que pendant des années encore, je m'arrête à Bougue.
Maintenant, j'ai le temps ......

Miguel de Burdeos

lundi 3 mai 2010

COUILLON SUR L'ADOUR

Devant le guichet des arènes Aturines, sur la feuille de papier, il y avait écrit, au feutre vert fluo "Novilada annulée pour cause de pluie". Il était une heure et quart avant le début du paseo (prévu à 17h00), pas la moindre goutte de pluie sur les têtes, pas plus de nuages menaçant à l'horizon et un sol sec laissant entendre que la dernière pluie remontait assurément à des minutes faisant plus de soixante secondes!!!
Entonces, que pasa ?
Tout au long des 150 kilomètres qui me ramènent à mon point de départ, j'imagine quelques réponses.
Une bâche trouée ou oubliée dans un local dont le responsable aurait perdu la clé ?
Des réservations trop peu importantes pour assurer rentabilité à l'empresa qui verra l'assureur équilibrer les comptes ?
Mais que n'irai-je chercher dans mon imagination débordante d'aficionado énervé de s'être fait ainsi couillonné ?
Que les "décideurs" d'Aire sur l'Adour communiquent les vrais raisons d'un authentique "foutage de gueule" et qu'ils sachent que l'Aficion a, parfois, de la mémoire !!!!!

Miguel de Burdeos